jeudi 18 décembre 2008

Un cauchemar...

J’ai fait un cauchemar horrible

Les gens naissaient tous égaux et en bonne santé
Du coup les hôpitaux ont commencé à se vider.
Les passants n’avaient plus rien à se raconter et les hommes politiques, totalement délirants, racontaient la vérité.

Un rêve horrible où tout le monde mangeait à sa faim,
Plus de possibilités de se gaver sous couvert de la peur de manquer,
Plus besoin de boire jusqu’à plus soif pour oublier ses problèmes,
Personne n’en cherchant plus, il devenait difficile d’en fabriquer.

Un triste songe où les enfants se prenaient par la main en chantant,
En riant tout simplement, sans se moquer de leurs prochains.
Les vieux jetaient leurs cannes inutiles et n’ayant plus besoin de personne pour traverser les rues, des milliers de scouts patientaient aux feux rouges, attendant le retour de l’hiver et des plaques de verglas. Mais l’hiver ne vint pas, le printemps semblait figé au comble de sa splendeur inutile et insupportable. Les cantonniers n’avaient plus de feuilles mortes à ramasser et faute de problèmes familiaux à étaler, ils ne pouvaient plus pavoiser.

Les hommes de mains sans honoraires prenaient le café, leurs derniers clients commençaient à dater. Du bon vieux temps ils auraient aimé discuter mais fautes de preuves leurs souvenirs venaient à s’effacer.

Le patron du café ne venait pas leur réclamer son dû, car oublié par les impôts il ne regardait plus à la dépense, offrant gîte et couvert à qui le désirait. Le pâtissier y ajoutait de jolis ballotins de chocolats.
Mais personne ne voulait s’encombrer de tant de paquets, une vie sans heurts ni stress c’était déjà bien assez gênant.

Le curé vint à s’ennuyer, plus de bigotes à écouter donc plus de confessions mesquines à auditionner, il devait se résoudre à les inventer. Après avoir noirci des milliers de feuilles des morceaux de sa conscience, il brûla le tout en jurant que l’on ne l’y reprendra plus. De tant d’années de service il en eut assez, il prit sa gaule et sans alla pêcher. Une fois encore il était embêté car, aussitôt assis, il n’avait pas le temps de prier que tous les poissons venaient à gober son hameçon et ce même sans appât. Il s’allongea sur l’eau et se laissa dériver.

Les camelots à défaut de clients à haranguer s’en vinrent en congés à la mer où ils rencontrèrent des marchands (dé)ambulants. Etonnés de rencontrer ces humains qui parlaient le même langage qu’eux, ils se mirent à palabrer et tout ce qui était prononcé était directement oublié. Du magnifique ramasse-miette électrique aux chouchous phosphorescents et autres cacahuètes caramélisées, ils étalèrent tout leur savoir avant de s’apercevoir qu’ils en savaient beaucoup plus que ce qu’ils ne voulaient bien en dire. Devant tant de talents réunis, ils ne pouvaient que se taire et écouter et ils découvrirent ce merveilleux bruit de fond qu’est la mer. Epatés, ils voulurent en faire commerce mais aucun d’entre eux n’avait de valise assez grande pour y faire rentrer la mer.
Ils allèrent trouver le vieil homme au bout de la jetée pour lui demander conseil. L’ancêtre les toisa et leur dit en silence de s’asseoir et de regarder. Le soleil se coucha et la mer en plus de son chant fantastique se revêtit alors d’une merveilleuse robe d’or.
Les camelots le remercièrent humblement de son excellent conseil.
Devant tant de sagesse ils durent s’incliner. Emprisonner la mer n’avait pas de sens, car elle serait privée du soleil.
Ils s’en furent donc au port à la recherche d’un container assez grand pour y mettre le soleil et la mer.

1 commentaire:

  1. Les camelots poursuivèrent l'aventure ...

    Aprés des années de galère dans la poussière, containers et genoux rouillés, associés et containers trop lourds, grue déficiente en lachant un sur les jambes de 3 d'entre eux ...

    On peut maintenant joindre les camelots au bout de la jetée Nord ou parfois sur la Sud, on les appelle les "vieux des jetées".

    La baie est toujours aussi belle, parée de son seul néant, Tout est bon chez elle, il n'y a rien à jeter !

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