lundi 9 novembre 2009

Sandwich savoureux

La contrainte ?

Un sandwich :
- 1ers mots : Les deux délinquants s’élançaient
- les derniers: Ce fut face

Le reste écrit par Fabienne alias Fab


Les deux délinquants s’élançaient hors de la prison, silencieusement, comme deux félins gardés trop longtemps en cage. C’était la nuit et ils priaient pour que le maton du mirador ne les éclaire pas. Il y avait un passage dangereux, la cour, où il n’y avait rien pour se cacher... mais ce soir, par chance, rien ne bougeait dans cette nuit sans lune.
Ils avaient bien calculé leur coup et couper les barbelés à l’endroit le plus abîmé fut un jeu d’enfant pour eux.

Ils s’élançaient donc aussi vite que leur permettait leur souffle patiemment entretenu dans la salle de sport de la prison, mais la chaîne qui les reliait les gênait et entravait leur course. Il fallait faire un effort, synchroniser leurs mouvements.
Quand ils traversaient une route, ils ralentissaient l’allure et se cachaient derrière un buisson pour voir si personne ne venait. On ne voyait rien dans cette nuit d’encre, sauf quelquefois le brillant aléatoire de l’acier des menottes.

Ils coururent ainsi jusqu’aux premières lueurs de l’aube, traversant des creeks, s’éloignant des maisons endormies, évitant tout chemin où ils auraient pu faire de mauvaises rencontres. Les mauvaises rencontres auraient été, évidemment, pour ceux d’en face.

Le jour naissant les surprit dans une forêt dense. Bien. Ils pourraient se reposer un peu sous la canopée. Aucun hélicoptère ne pourrait les deviner. Ils avaient chaud et faim et soif, mais ils s’endormirent comme une masse.
Le soir arrivant, ils reprirent leur course folle, un peu plus affamés, mais avec cette rage de bête traquée. Aller le plus loin possible, ne pas retourner dans cet enfer... ces phrases résonnaient dans leur tête, scandées comme un leitmotiv.

Ils en étaient sûrs : les télévisions de tout le pays devaient déjà être en train de diffuser leur portrait, en habit de bagnard, de face, de profil, patibulaires pour tous... pour tous ceux qui ne savaient pas....
Ils arrivèrent à l’orée d’un village et la faim fut la plus forte. Ils choisirent une petite maison isolée, la seule éclairée d’une faible lueur. Lentement, ils en firent le tour... Apparemment personne.
Ils essayèrent d’ouvrir la porte qui céda facilement. Contrairement à leur attente, la petite pièce n’était pas vide. Au coin de la cheminée, une jeune femme pleurait. Au bruit qu’ils firent en entrant, elle leva la tête et eut comme un soupir de soulagement. Ils lui parlèrent doucement, pour ne pas lui faire peur, conscients que leur aspect devait être effrayant. Mais ce n’était pas la peine, elle n’avait pas peur d’eux, seule sa solitude la terrifiait....
Elle leur prépara silencieusement un repas chaud, simple et bon qu’ils mangèrent tout aussi silencieusement. Ils se sentaient bien, en sécurité... Elle les regardait en souriant.

Maintenant, il fallait agir. D’abord trouver des outils pour couper leurs entraves. Ce ne fut pas une mince affaire de scier la chaîne. Ensuite, les menottes...
Une fois que ces jumeaux d’infortune furent libres, il fallut bien songer à la suite de leur plan : savoir lequel des deux allait se faire prendre, sciemment afin que l’autre puisse s’évader et disparaître... définitivement.
Ils lui demandèrent de choisir pour eux, elle qui ne les connaissait pas. Alors, ne sachant que faire, elle sortit une pièce de monnaie de sa poche le les laissa choisir leur destin : pile ou face ?

Elle lança la pièce si haut qu’elle retomba à l’autre bout de la salle, presque dans la cheminée. Elle alla la ramasser et la tint dans son poing fermé. Tout deux retinrent leur respiration. Ils ne voulaient pas savoir tout de suite... encore quelques minutes dans ce havre de paix, en liberté.
Quand finalement, la main tremblante s’ouvrit, ce fut face.

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