mardi 14 septembre 2010

NUIT D’IVRESSE OU DELIRIUM (PAS SI MINCE QUE CA !) par Fab

La chaise était inclinée, tout comme la table et les meubles, d’ailleurs… quant au lit, il n’arrêtait pas de tourner. Pire qu’un manège, à m’en donner la nausée….
Mes amis de l’atelier d’écriture venaient tout juste de partir et il semblait qu’un apprenti sorcier s’amusait avec mon mobilier !
J’avais soif ! mais je n’arrivais pas à ouvrir la porte du frigo qui faisait de grands mouvements. A droite, à gauche, à droite, à gauche… Fallait être plus maline qu’elle et la choper par surprise. Çà y est ! la tenant fermement par la poignée pour qu’elle arrête ses balancements, je luis chuchotais des mots doux pour la dompter et hop ! je l’ouvris prestement pour y prendre une canette. Heureusement, je savais toujours à quel endroit précis étaient les canettes. Je ne les rangeais jamais au hasard. Je refermais cette porte tout aussi rapidement, mon butin bien serré contre moi, car maintenant, c’était le plancher qui faisait des siennes. On se serait cru sur le pont d’un navire, par grosse tempête. Me tenant contre les murs, je remontais la coursive pour atteindre le canapé. Il se trouvait au milieu de la pièce et je devais faire quelques pas dans le vide. J’attendis quelques secondes pour bien m’imprégner du roulis : toutes les sept vagues, un grosse vague, puis une moins grosse, et enfin, une petite…
Un, deux, trois, je me lançai pour me jeter sur le canapé. C’était pas si mal que çà, mais j’étais tombée à genoux, me cognant le menton contre l’accoudoir en bois massif. Un goût de sang envahit ma bouche. J’escaladai vite pour me mettre à l’abri. Il n’aurait plus manqué qu’un requin passe par là....
Heureusement, je n’avais pas perdu ma bière et, après l’avoir ouverte, m’apprêtai à la déguster. Zut, j’avais oublié le roulis et en renversai la moitié…. Je mis fermement ma bouche autour du goulot pour la terminer. Çà faisait du bien ! J’aurais dû le prévoir, j’eus aussitôt une envie irrépressible de pisser.
Pour ne prendre aucun risque, je décidai de rejoindre la salle de bain à la nage, car j’avais pied. Par temps calme, elle n’est pas si loin que çà du salon, mais avec un vent contraire, ce fut une autre affaire. Un moment, je fus tentée de faire pipi dans la mer, mais non, que diable, un peu de tenue !
J’arrivais épuisée aux toilettes. J’eus à peine le temps de souffler. Voilà déjà que je les empoignais à deux bras pour ne pas qu’elles s’éloignent et tentai de me relever. La manœuvre était délicate car, sitôt debout, il fallait aussi sec se retourner et s’asseoir.
Au prix d’immenses efforts, je me mis donc debout, et là… grand noir !
Ce n’est que le lendemain matin que je m’aperçus, nageant cette fois-ci dans le vomi et l’urine que ma tête avait cogné contre un tas de bouteilles vides.






Elle s’appelait Liane. Elle était belle, très belle et s’était toujours servie des hommes pour assouvir son immense envie de richesse.
Saint-Barth l’été, Avoriaz l’hiver, elle ne voyait des rivières qu’en diamants et ne parlait jamais de solitude mais de solitaire….
Elle choisissait longuement sa proie car il fallait que celle-ci ait du répondant et puisse durer au moins quelques années…. Ensuite, ce n’était qu’un jeu d’enfant pour elle de se faire aimer. Aimer à en perdre la raison. Elle ne lâchait son gibier que lorsqu’il était exsangue, ruiné, au bord du suicide, pour aller en cueillir un autre.
Les héritiers la fuyaient. Les femmes des grands magnats la détestaient et priaient au fond de leur cœur pour qu’elle ne choisisse pas leur mari « en or ».
Et chacune s’accordait entre elles pour la surnommer : la Liane étrangleuse.

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