dimanche 7 novembre 2010

Arnostival (= Arno + festival)

Sur 3 exos : thème = Piment + 4 mots = fil – poteau – taureau – caillou + mot extra = Acétabule

L’opération devenait délicate d’attacher les acétabules avec du fil au poteau pour les faire tenir debout. Celles-ci étaient pleines à ras bord. Il ne fallait pas les fermer tout de suite. Nous devions laisser le liquide travailler. Le temps d’une dernière fermentation, ce liquide s’évaporait un peu. Mon grand-père délaissait les amphores pendant plus d’une semaine. Moi, chaque jour, j’allais voir le résultat de cette transformation biologique. Son odeur s’accroissait de jour en jour, m’attaquant les narines. Le jour fatidique arriva. J’accompagnais mon aïeul et mon père à la dégustation du breuvage. A l’entrée de la salle, je voyais la joie sur leurs visages en humant le parfum dégagé par les acétabules. Mon grand-père avait l’air de rajeunir. Par un discours cérémonieux, il m’annonça que j’avais l’âge de goûter le breuvage sacré. Celui-ci m’apportera vigueur et force comme un taureau. L’ancien débuta, suivi de mon père. Ils ne bronchèrent aucun mot tous les deux. C’était mon tour. Suivant leur conseil, je bu une petite gorgée de la louche. A peine arrivé en bouche, cet ersatz de vin ou vinaigre, fortement pimenté, détruisait mes papilles gustatives. Je ne pu que déglutir alors que j’aurais du recracher. L’alcool attaquait mes parois internes. Mes poumons et mon estomac explosaient. J’essayais de tousser pour respirer mais impossible, comme si j’avais avalé un caillou bloquant ma trachée. Mon père me frappa sèchement dans le dos. J’aspirais de nouveau, les yeux pleins de larmes. Je venais de passer l’épreuve initiatique des hommes de ma famille : survivre à la boisson ancestrale. Celle-ci était un secret de fabrication. Pure, elle ne pouvait pas vraiment se boire. Depuis des générations, mes ancêtres la mélangeaient, une fois à maturité, parfois avec du vin, sinon avec du vinaigre et aussi avec de l’huile. Ils vendaient quelques bouteilles de vin doux pimenté illégalement aux connaisseurs. Par contre dans les marchés des environs, seule était reconnue légalement la vente de nos produits pimentés, huile et vinaigre.

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