mardi 15 septembre 2009

Un extrait arraché au bal des innocents

Et qui ne fera donc finalement pas partie de mon prochain livre...

Pourtant, d’habitude, rien ne lui était plus intellectuellement insupportable qu’un bouchon. La liberté individuelle y est réduite au choix d’une file ; la résignation et la frustration sont les uniques moteurs de ce périple au gré du troupeau mû par un invisible berger guidant ses bestiaux aux pâtures avec lenteur. Seules quelques bêtes indisciplinées brisent cette monotonie en essayant de remonter vers la tête du troupeau en utilisant le chemin réservé aux chiens de garde et aux vétérinaires de cette faune métallique. Ces derniers sont faciles à repérer avec leurs beaux regards orange clignotants, il leur arrive de prendre sur leur dos une ou plusieurs brebis malades. Les chiens de garde, quant à eux, sont très bruyants ; leurs cris sont stridents et se propagent très loin. Pour les reconnaître, lorsqu’ils sont silencieux, les codes sont simples : lorsque leur toison est blanche, elle est tatouée de belles lettres bleues, ou inversement. Leurs regards aussi clignotent et colorent le matin gris d’un sublime bleu électrique. Ce regard perçant a la faculté de réveiller les animaux endormis et de calmer immédiatement les agités.

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