lundi 7 juin 2010

'Vacances Marmandaises' Passage retiré du Bal des Innocents à paraitre

Ce texte faisait partie de mon prochain roman à paraître mais passe à la trappe.

Je le partage avec vous comme un quasi vase communiquant avec l'ami ARF


Le temps d’un battement de cil, il se plongea dans un passé chéri, en vacances chez Mamina.

Ces vacances merveilleuses qu’il passait à aller se crotter dans les rivières du coin avec ses cousins et cousines et les pires garnements du village. Les locaux lui apprenaient chaque année de nouvelles techniques pour construire de plus belles cabanes et comment améliorer leurs lance-pierres. En échange, Serge apportait quelque revue coquine, que le citadin ne manquait jamais de piquer en douce à son père. Ces lectures faisaient beaucoup rire les petits gredins réunis, on y voyait des poils et les plus avancés dans la théorie de l’Amour faisaient de grands discours, torse bombé, à propos de leurs premières expériences et les sujets saisissants des Newlook et Playboy cultivaient leur imagination au-delà des frontières de leur monde. Ils se racontaient, à tour de rôle, quels avaient été les dangers bravés pour attraper la curieuse bête qui faisait un boucan monstre dans la boite à chaussures que l’espiègle explorateur portait mystérieusement sous le bras. Il n’était pas rare qu’une pauvre grenouille passe ainsi une journée entière à croasser avant que les garnements n’osent ouvrir le couvercle de la boite de Pandore. Dans ces grandes assemblées, les petits filous jouaient de mille ruses pour réaliser des exploits personnels et les expéditions, qu’elles furent de jour ou de nuit, prenaient toujours un parfum secret qui avait certainement aiguisé le flair et l’envie du jeune Serge à entrer dans la police. Ces instants magiques, loin de la capitale et de son goudron, où ils avaient le droit de sortir le soir pour aller, officiellement, observer les étoiles. Etoiles que Serge avait surtout vu briller dans les yeux d’Estelle, la petite voisine de Mamina avec laquelle il avait grandi un peu chaque été. Sur la route, dès que la voiture passait Bordeaux, il trépignait d’impatience. Il ne tenait plus en place à l’idée de revoir sa petite copine des champs.

L’année de ses quatorze ans avait marqué le tournant de sa jeunesse. Ni son père ni sa mère n’avaient pas pu prendre leurs vacances à la mi-juillet comme ils le faisaient d’habitude. Il partit donc tout seul par le train jusqu’à la gare de Marmande, comme un grand, ils le rejoindraient deux semaines plus tard. Mamina s’était habillée avec son plus beau chapeau et sa belle robe d’été qu’elle ne portait d’ordinaire que les jours de fête. L’arrivée de son petit-fils chéri valait tous les dimanches du monde. Serge avait beaucoup changé, du petit garçon malicieux et malingre, il ne restait que le regard. En effet, à la croissance tardive, le jeune Serge avait pris quinze centimètres en un an et sa Mamina dû enlever son beau chapeau de paille orné de fruits pour lui faire la bise alors que, l’année précédente, elle devait encore se baisser. Les retrouvailles avaient été chaleureuses, mais Serge conservait encore un peu de son émotion qu’il réservait à Estelle. Il l’aimait tendrement d’un amour naïf sans arrières pensées. Il ne lui pas avait envoyé de photo dans leur correspondance intime pour conserver la surprise de son nouveau physique d’homme. De sa voix rayée, il s’était entraîné à tirer un filet rauque qui faisait résonner sa cage thoracique en pleine croissance. Il voulait lui lire un petit poème de sa création qu’il avait en fait plagié d’un recueil d’Apollinaire, mais peu lui importait pourvu que les émotions fussent siennes. Dans la voiture de sa grand-mère, il ne contenait plus son excitation et il ne tenait plus en place. Mamina, qui connaissait bien son petit Serge, lui adressa des regards pleins d’amour. Voir ainsi son petit-fils prendre de l’âge ne la rajeunissait pas, mais elle était tellement fière de celui qui lui était toujours, été après été, resté fidèle. Elle le prenait tous les soirs dans ses bras après qu’ils aient bu leur camomille. Lorsqu’il était plus jeune, il s’endormait ainsi sur la poitrine généreuse de sa Mamie et s’éveillait doucement pour lui glisser des Mamina d’amour alors qu’elle le montait dans sa chambre, blottit dans ses bras.


« Je suis très contente que tu te sois enfin décidé à grandir » lui avait-elle dit durant ce trajet qui était gravé dans sa mémoire. Il s’était contenté de sourire gentiment. Elle avait enchaîné par un doux :
« Je ne suis plus assez forte maintenant pour te porter dans ta chambre ! Et il avait répondu de sa voix cassée :
- Un jour Mamina, c’est moi qui te portera jusqu’à la tienne ! »

Sa Mamie, attendrie par le petit homme, lui passa la main dans ses fins cheveux d’enfant, les yeux pleins de larmes d’amour. Ils arrivèrent après une vingtaine de minutes, qui parurent deux siècles à Serge, à la maison de Mamina. Une inconnue les attendait assise sur le banc à côté de la porte encadrée de glycines. Serge se demanda qui était cette voisine aux cheveux de feu qu’il n’avait jamais vu auparavant. Lorsqu’il descendit de la voiture, la jeune femme se leva mais resta interdite. Elle observa longuement cet inconnu comme si elle essayait de découvrir son identité. Serge interrogea du regard sa Mamina et n’eut pour réponse qu’un sourire maternel complice. Il regarda de nouveau plus attentivement la jeune femme et finit par reconnaître ces petites pommettes constellées de tâches de rousseur.

« Estelle ? !
- Serge ? ! »
Les enfants coururent l’un vers l’autre, mais au lieu de se jeter mutuellement à leur cou, comme ils le faisaient chaque année, ils s’immobilisèrent à un mètre du contact. Curieux, chacun scruta l’autre, à l’affut des changements qui s’étaient opérés en eux. Après cet arrêt sur image, ils s’embrassèrent timidement d’abord puis soudain explosivement ce qui fit monter le rouge aux joues de Mamina qui se rappelait l’époque heureuse où son Alfred lui cueillait des brassées de fleurs sauvages. Estelle, elle aussi, avait pris en taille de manière impressionnante. Serge s’aperçut de suite du changement car, avant, lorsqu’ils s’étreignaient, leurs corps s’emboitaient littéralement l’un dans l’autre alors que maintenant un espace s’était glissé au niveau de leurs ventres. Il en comprit la raison en sentant les deux formidables protubérances souples et chaudes qui sortaient du corps de la jeune fille. L’année précédente il l’avait quitté avec ses drôles de petits pics pointus qui faisaient très mal à Estelle lorsqu’il les touchait. Les petites pointes dures avaient laissé place à deux belles pommes gracieuses et douces. Estelle aussi trouvait que son Serge avait réellement changé. Il avait une drôle de voix, un peu rayée mais dont le ton aigre n'était pas tout à fait pour lui déplaire et ses petites mains douces étaient devenus de larges palmes. Elle en était heureuse, car à l’idée de l’arrivée de Serge, elle était venue annoncer au petit garçon qu’elle était maintenant trop grande pour continuer à passer ses journées dans la boue et à hanter leur cabane miteuse. Ses pensées s’envolèrent à la vue du jeune homme et, après cette courte hésitation, ils élaborèrent leurs plans ensemble comme les années précédentes.

Après s’être longtemps cherchés à travers la campagne, ils en revinrent à leur cabane à laquelle ils firent subir le même genre de changements que la nature leur avait imposé. La pauvre cabane champêtre faite de planches de palettes pris des allures de petit intérieur coquet, ils amenèrent : un vieux matelas rempaillé de frais qui couvrit les planches disjointes, une table de chevet bancale qui traînait dans la grange de Mamina et assez de bougies pour éclairer leur repère. Ils passèrent ainsi leurs après midi et leurs soirées reclus dans cet univers de grands qu’ils s’étaient installés. Souvent, Estelle leur préparait des pique-niques qu’ils mangeaient avidement en se dévorant des yeux. Ils firent l’inventaire mutuel de toutes les choses qui avaient changé en eux et chaque recoin de leur corps furent explorés pour tenter d’en comprendre les nouvelles fonctions. La petite toison duveteuse d’Estelle attirait particulièrement le garçon. Car, lorsqu’il demandait à sa copine, ce qu’elle ressentait lorsqu’il s’aventurait à la caresser dans cette zone, elle répondait qu’elle ne savait pas, mais qu’il pouvait continuer car c’était très agréable. Après plus d’espièglerie, il en vint à explorer toute la zone et y découvrit un endroit encore plus étrange et sensible juste en dessous. Il apprit à accorder ses mouvements avec ceux de sa partenaire qui se cambrait et se pâmait de plaisir lorsqu’il le décidait. Mais cet étrange manège provoquait chez lui aussi une étrange alchimie. Serge sentait lui-même comme des caresses qui semblaient entrer dans son corps par son ventre, qui pour l’occasion, se gonflait et devenait beaucoup plus sensible. A son tour, Estelle explorait le corps de son partenaire et comprit très vite où le solliciter pour faire monter leur plaisir. Tétons, ventres, aisselles, et sexes respectifs ne semblaient plus avoir de secrets pour eux. Ils passaient ainsi leur après-midi à se titiller, se mordiller, puis ils s’allongeaient et contemplaient les nuages ou les étoiles suivant l’heure de leurs ébats. Ils trouvaient tous deux ces petits jeux futiles, mais ne parvenaient pas à s’en passer. L’attraction était magnétique et une simple pause au bord d’une rivière devenait alors l’occasion idéale pour tester l’influence de l’eau sur leurs ébats. Toutes les circonstances étaient bonnes à mettre au banc d’essai de leurs nouvelles inventions.

Ce fut la mère d’Estelle qui interféra dans la fréquence de leurs rencontres. Loin d’être stupide, elle sentait que sa fille commençait l’apprentissage de ce qu’elle aurait tout le temps de découvrir beaucoup plus tard. Estelle se trouva alors chargée de toutes sortes de missions, plus débiles les unes que les autres. Les corvées l’éloignaient toujours pour la journée. Elle devait aller chercher les œufs non plus chez Marie, leur voisine, mais à quatre kilomètres de chez eux car sa mère, qui mangeait les œufs de Marie depuis toujours, trouvaient qu’ils étaient tout d’un coup devenus fades et farineux. Elle dut nettoyer la grange quatre fois de fond en comble, si bien qu’à la fin on aurait pu manger par terre. Géraldine, c’était son nom, perdait complètement la boule, elle oubliait toujours des courses au marché ce qui forçait sa fille à aller les compléter, elle râlait tout le temps et était toujours après sa fille, pourtant chérie et choyée jusque là. Estelle ne comprenait pas ce brusque changement chez sa mère qui l’avait toujours laissée gambader à sa guise avec son amoureux. Serge lui avait répondu que les femmes devenaient incompréhensibles arrivées à un certain âge. Du moins, c’est ce que lui avait dit son père quant aux réactions parfois étranges que sa mère avait, sans qu’aucun signe précurseur ne les annonce. Dans un vieux Marie-Claire qu’elle avait trouvé dans la salle d’attente du médecin, Estelle avait lu un article disant que les mères avaient du mal à assumer le passage de leur bébé à l’âge de femme. Elles pouvaient même devenir jalouses de leurs filles quand celles-ci devenaient plus attirantes qu’elles. Une réaction dramatique qu’elle avait du mal à imaginer venant de celle qui l’avait porté aux nues depuis qu’elle était venue au monde. Leur complicité était inimitable et il était impossible que leur relation si passionnelle ne laisse place à un sentiment aussi laid que la jalousie juste parce que ses seins étaient devenus plus gros que ceux de sa mère. Estelle en vint à cette constatation alors qu’elle se passait à la loupe face à son grand miroir et essayait les soutient-gorges de sa mère. Si c’était cela grandir, elle préférait se couper les nichons et rester une petite fille. Mais la chimie qui bouillait en elle l’emmenait déjà vers d’autres horizons. A peine eut-elle fini sa mini-crise intérieure quant à ses seins, qu’elle fut attirée par le reflet de ses lèvres dans le miroir. Elles lui parurent soudain plus charnues, plus fermes plus douces aussi. Estelle passait ses cheveux puis ses doigts à leur commissure fragile et érotique. Les images l’entrainaient déjà dans les pages des magazines du docteur où les femmes portaient de magnifiques bijoux et des drapés de soie. Fini les jeans pourris et les baskets trouées, maintenant elle s’habillerait en fonction de ses goûts et de ses convictions. La gamine attardée et un peu ahurie allait enfin laisser la femme qui vibrait en elle s’exprimer avec tous les langages à sa portée. A bas le mutisme corporel, l’heure de l’expression tous azimuts avait sonné.

Ce fut l’été doré des serments d’amours éternels qui ne devaient pas même tenir jusqu’à l’automne, l’été des champs de maïs et des parties de cache-cache géantes, l’été des couchers de soleil contemplés côte à côte et celui des baisers qui sentaient bon le pain frais. La saison merveilleuse des ballades dans les blés mûrs où ils se faisaient une litière blonde et lisaient des passages des ‘fleurs du mal’ que Serge venait de découvrir dans la bibliothèque de sa grand-mère. L’été des questions sans réponse et des évidences qui échappaient aux grands, un temps où les discours partagés avec son âme-sœur ne souffraient d’aucune controverse : la vérité était belle, logique et unique. C’était la vérité de l’été qui avait précédé leur rentrée au lycée. Lycée où Serge rentra dans une bande de jeunes garçons de son quartier avec lesquels il fit les pires tours pendables. Il découvrit le plaisir d’habiter en ville avec les premières sorties, les bars sympas qui empestaient la cigarette, mais où les phrases prenaient plus de résonance avec un demi à la main. Il rencontra d’autres filles, qui parlaient le même langage que lui. Il se détourna de sa tendre campagnarde ingénue, doucement mais sûrement. Il avait commencé par remettre toujours au lendemain l’écriture de leur correspondance, qui autrefois le tenait éveillé tant qu’elle n’était pas expédiée, puis avait fini pas ne plus y penser du tout. Estelle, de son coté, commença à fumer de l’herbe après les cours avec ses copains du lycée professionnel de Marmande. Ils étaient beaucoup plus vieux qu’elle et plus experts dans l’art de donner du plaisir à la femme qu’elle était devenue que son coincé de parisien estival.

Leurs chemins se séparèrent si vite que l’été suivant, lorsqu’ils se rencontrèrent par hasard sur la place du village, rien ne semblait plus les rapprocher. Estelle avait encore évolué sur la voie de la belle rousse pulpeuse et libre qu’elle devenait un peu plus chaque jour. En croisant Serge elle eut presque un haut le cœur tellement ses souvenirs ne collaient plus à la réalité. Elle ne savait pas ce qu’elle avait pu trouver toutes ces années à ce freluquet imberbe en chemise malgré la chaleur et ses cheveux gominés lui donnaient un air de plouque perdu. Mais la palme du mauvais goût revenait sans conteste à ses ridicules chaussettes blanches étirées jusqu’aux genoux et dépassant de ses chaussures cirées ringardes. Serge, de son côté, aspirait à devenir artiste peintre et la paysanne, certes jolie, ne comprenait rien à ses idées. A chaque fois qu’il commençait une discussion, elle y coupait court en parlant de ses copains de Marmande qui eux faisaient ceci ou cela. Ils savaient s’amuser eux, ils étaient libres et avaient des motos. Ils l’emmèneraient fumer de la marijuana en Espagne l’été prochain, c’était prévu. Aux yeux de son ex-presque-amant, elle était devenue bassement matérielle et énumérait des listes colossales de noms de constructeurs et de cylindrées qu’il trouvait totalement futiles. Estelle ne connaissait ni Vian, ni Sartre, ni même sa Simone et ne savait même pas qui était Jean Cocteau et André Breton. Ils étaient tellement différents que leur dernière rencontre se limita à un échange sporadique de phrases blessantes et d’incompréhension mutuelle.
Ils étaient assis au bord du lavoir, chacun sur une berge, et ne trouvèrent aucun sujet sur lequel ils auraient pu tomber, un tant soit peu, d’accord. Ce joli petit lavoir était ombragé par un platane centenaire. Son écorce portait encore leurs initiales liées, de la pointe d’un couteau de cuisine, souvenir presque indélébile de leur complicité passée. Ce lavoir au bord duquel ils avaient autrefois refait le monde à la lueur de la voûte céleste, des paillettes plein leurs filets de voix. Les années d’entente cordiale et de rêves puérils se dissolvaient soudain comme une poignée de sable jetée en plein vent. A leur époque rebelle, celle des punks et des drogues artificielles, ni le petit garçon des villes, ni la jeune femme des champs ne trouva quoi que ce soit à raconter à l’Autre pour alimenter un dialogue. Les monologues s’enchainaient et le ton montait car chaque argument était décousu et visait surtout la susceptibilité adverse. Serge parlait alors de films qu’il n’avait pas vus pour se donner de la prestance et Estelle ne parlait que d’un certain Jim Morrison qui était le plus beau et le meilleur chanteur qu’elle n’avait jamais entendu. Il était mort tragiquement dans sa chambre d’hôtel, dix ans plus tôt. Comme pour proposer une trêve, un carrefour potentiel dans leurs vies, Estelle lui dit qu’elle et ses amis allaient d’ailleurs monter à Paris pour aller méditer sur sa tombe. Ils pensaient ainsi communier avec son âme en chantant ses refrains sacrés, ses hymnes libérateurs et ses chants envoûtants. Serge n’avait pas senti l’occasion de lui parler de sa ville et de lui proposer de jouer les guides. Au contraire, c’est à bride abattue qu’il s’engouffra dans ce qu’il crût être un moment de faiblesse. Il s’était empressé de traiter ses amis d’idiots abrutis par la drogue et le charisme d’un junkie dégénéré qui avait fini sa vie dans la bauge de dépravation qu’il s’était creusé à coup d’acide et de pétards. Mots qu’il avait entendu de la bouche de l’un des penseurs qu’il côtoyait dans les cafés de la butte Montmartre. Il ne connaissait même pas la vie de Jim Morrison, ni son œuvre et il s’en foutait éperdument. A cet instant, c’était le seul moyen qu’il avait trouvé pour blesser en retour cette jeune femme qu’il avait autrefois aimé et dont les yeux ne lui renvoyaient maintenant que mépris et dédain. Sa réaction de pure jalousie, quant au monde qui était maintenant celui d’Estelle, et dont elle l’excluait, eut raison du mince fil qui les liait encore. Estelle s’emballa, il avait eu le tort de s’attaquer de front à son idole. Elle se lança en répétant à son tour les mots qu’elle colportait sans en saisir le sens réel. Elle affubla Serge d’un tas de clichés sur les parisiens et le traita, entre autre, de fasciste, de petit bourgeois prétentieux, d’idiot formaté et de foutu capitaliste. A la suite de quoi, elle se leva et disparut définitivement de la petite vie estivale de Serge. Ses visites à sa Mamina se firent plus rares et espacées. D’ailleurs, malgré tout l’amour qu’il lui portait toujours, le petit Serge ne pouvait s’empêcher de trouver qu’elle se faisait de plus en plus vieille. Ses histoires commençaient à souffrir du temps et à tourner en boucle jusqu’à ce que les fins respectives ne se télescopent ou ne se dissipent dans une soupe de mots. Du moins, lors des passages de son petit-fils, elle semblait parfaitement heureuse et leur langage corporel d’échange restait si pur que les mots qui volaient dans les airs étaient couverts par les sons de leurs cœurs.

3 commentaires:

  1. Maintenant le tout tient en 13 lignes.... Peut être pour le plus grand bien du roman ?

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  2. Ne connaissant pas l'histoire de ton livre, je ne sais pas si c'était opportun de raccourcir ce passage. En tout cas, moi, il m'a fait passé un beau moment. L'identification est totale. Beaucoup, je crois, ont vécu de telles expériences. La découverte des corps, la rapidité du changement de l'ado à l'adulte, les influences des uns et des autres, tout cela sonne juste. Heureusement, l'amour entre la mamina et son petit-fils reste intact. C'est l'essentiel.

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  3. Ado je vivais à Marmande où je suis née... Mais je connaissais Vian, Sartre, sa Simone, Jean Cocteau, André Breton (Il y a un lycée à Marmande...!!!) et détestais les mobylettes... Je n'épargnais pas les parisiens qui venaient en vacances chez leur grand mère... Ils croyaient tout connaitre... Ils étaient persuadés qu'il fallait un coq pour qu'il y ait des œufs...!!! Je me souviens d'un de ces "parisien tête de chien, parigot tête de veau"... Il ressemblait à Jim Morisson... et je l'aimais... :-)

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