lundi 8 novembre 2010

Beignets Aoutiens by Vivi

Cumul de contrainte (Arno style) :« Aérosol…bus…crème…sont » + « Caramel… vitriol…peine…caviar » + « Diastolique »



« Beignets au caramel, au chocolat, à la pomme pomme ! », s’égosillait le vendeur plagiste, tentant de se frayer un passage entre les corps huilés des vacanciers, serrés comme des sardines prêtes à griller sous le soleil.

Chacun, ici, revendiquait son lopin de sable, un minimum syndical délimité par un parasol central défiant toute imagination en matière de publicité mais d’une utilité indispensable en cas d’éloignement intempestif !

La serviette, traditionnellement en éponge et de grande taille, garante d’une certaine intimité était tirée à quatre épingles et ne souffrait aucune intrusion : le moindre petit grain de sable suscitait instantanément le courroux, surtout pendant la sieste diastolique*.

Alors, gare aux garnements qui s’autoriseraient à courir entre les serviettes et à leurs parents qui se devaient de bien les tenir ! Les Congés payés, c’est pour tout le monde mais les Vacances, aussi !

D’autant plus sacrées pour les Aoûtiens qui avaient attendu ce repos estival mérité un mois de plus, tout en bravant l’inquiétude d’une météo incertaine !

« Bronzer tranquille et de partout » était leur devise, histoire de narguer les collègues de bureau Juilletistes à leur retour et de faire perdurer un ton hâlé jalousé jusqu’à l’automne !

A peine après avoir quitté les nationales de France que ces Messieurs s’étaient confortablement installés dans leurs fauteuils pliants, une bière fraîche à portée,

-celle de la pub du parasol sinon comment auraient ils eu leur protection cet été ?-, le journal régional grand ouvert, servant d’alibi pour scruter tranquillement les bikinis environnants et éviter les reproches incessants de Mesdames.

Celles-ci, bien occupées à surveiller leurs progénitures, l’ombre pour la glacière, et à remplir leurs cases de mots croisés, avaient tout de même l’œil vitriolé ou un 6ème sens…

Le soleil arrivait à son zénith et des effluves de crème solaire, rivalisant de parfums, envahissaient l’iode marine à chaque brisée jusqu’à l’en étouffer.

Des jeunes filles, victimes de la mode et adeptes de la technique de la « crêpe » pour un bronzage parfait, se tartinaient le corps afin de profiter au mieux des ultra-violets, sans en abuser .

S’exposer ainsi nécessitait certaines règles strictes : commencer par la face, puis le côté gauche ; après le droit et enfin le dos, en prenant soin de défaire les attaches du maillot pour qu’elles ne laissent pas de traces, de respecter des rythmes identiques toutes les 15 mn, et de les renouveler sans intention de caviarder : ce n’est plus tendance !

Sont autorisées quelques interruptions pour baignade afin de rafraîchir le corps même si le plus souvent , les filles préfèrent se contenter de pulvérisations de gouttelettes d’eau pure en bombe aérosol, indispensable outil parmi les nombreux accessoires de leur sac de plage !

De quart d’heure en quart d’heure, un petit creux les tenaillait mais surtout la curiosité d’approcher d’un peu plus près le vendeur plagiste, le beau brun aux yeux verts et au torse nu, coiffé d’un Panama : un look d’enfer !

Leur appétit ne s’arrêtait pas à l’ingestion d’un beignet supplémentaire qui de toute façon ne porterait aucune atteinte à leur sublime taille fine, témoin de leur jeunesse.

Avec leurs cris de joies et leurs glorioles, il les avait maintenant repérées.

Mais chut ! Laissons-les se dépatouiller avec le jeune homme !



*sieste de basse tension, contraire à la sieste crapuleuse !

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